Joyeux Noël « made in France » !

La blonde encerclée par une trentaine de photographes ? Non ce n’est pas la nouvelle Lady Di,  mais Marine Le Pen sur fond de Jingle Bell’s au marché de Noël… Un peu comme une Mère Noël qui vient voir ses petits lutins à l’œuvre -qui auraient pu être ici   les artisans… ou les journalistes!

À peine débarqué au bas des Champs, on peut entendre « Ce n’est quand même pas son père ! »,  comme pour se justifier dans la bouche d’ une femme visiblement ravie que la fille de Jean-Marie soit là. Et bien non, en effet, ce n’est plus le « père Fouettard », mais Mère Noël, plutôt sympathique, qui fait campagne pour la présidence de la République. Pendant une heure, elle a déambulé dans le froid du marché de Noël des Champs Elysées. « La seule à s’être dérangée ici » glisse un autre artisan, reconnaissant.

Le froid remarquez, elle n’a pas dû le sentir, vu l’entourage qui ne l’a pas lâchée d’un pouce, du début à la fin. Agglutinés parmi un mur de journalistes, serrés comme dans un métro en temps de grève, c’était plutôt difficile de distinguer le sourire de la patronne du Front National, infaillible, digne des Miss France lors de la soirée des élections. Au moins, on se tenait chaud et inutile de prendre appui quelque part, l’équilibre était assuré par la pression de la masse. Et de marcher comme une armée, sans s’arrêter, au pas de Marine Le Pen. Et de se battre pour avoir la bonne image… Jouer de la ruse s’avère nécessaire. Certains la flattent « Madame La Présidente ! ». Jouissif, elle ne peut s’empêcher de lancer« vous m’avez déjà fait le coup la dernière fois ! ». L’ambiance est chaleureuse, donc. On a presque envie de lui taper sur l’épaule, ou mieux, qu’elle nous tape sur l’épaule, comme elle le fait à son fidèle accompagnateur, Maître Gilbert Collard.

À la veille de Noël, Marine Le Pen est radieuse, la plus cool possible ! C’est une candidate épanouie, qui s’est arrêtée tous les cinq mètres pour dévoiler le fond de sa campagne, et de sa pensée. Le maître mot dans tout ça ? La « France » déclinée dans toutes ses formes : en nom, en qualificatif… Si elle avait pu le transformer en adverbe invariable, elle l’aurait fait.

Un cadeau « made in France » pour Noël…

Et la France, c’est d’abord Noël ! « Certains ont la volonté de passer Noël sous silence, sous prétexte de ne pas heurter telle ou telle partie de la population… On n’en oublie que cette fête fait incontestablement partie des racines de la France. C’est un moment de convivialité, un moment de fraternité entre les français et c’est très important comme symbole. » Voilà qui est dit. Noël rassemble, Noël, c’est le patrimoine français qu’il faut préserver, et Marine Le Pen en est son fervent gardien.

Un journaliste tente une question :

– « Pour vous, le Père Noël est en danger ? »

– « Le Père Noël ça ne saurait tarder, vu comme le sapin, la crèche, ont tendance à disparaître… Sous prétexte que ça heurte certains, c’est délirant ! Noël, c’est une belle fête dont nous devons être fiers. »

Stratégique, le marché de Noël pour parler de Noël ? Oui ! Mais plus subtil encore, le marché de Noël pour aborder l’artisanat… L’artisanat, « cette source extraordinaire de talents, d’inventivité, un gisement d’emplois, qui prouve qu’on peut encore fabriquer en France pour préserver le patrimoine français, mais aussi préserver la faune et flore. Le MADE IN FRANCE ! », lâche-t-elle comme une formule à la mode – n’est-ce pas drôle que cette expression anglophone soit prônée pour défendre le patrimoine français ? – qui « doit être appliquée. Il faut aider les artisans français » Sur ce, elle donne l’exemple en achètant une figurine sculptée à un artisan et rit « pas d’inquiétude, j’ai bien vérifié que c’était made in France ! »

 … Mais pas de cadeaux pour Eva Joly

À ce moment du discours, on s’attend à ce qu’elle saisisse la perche tendue à droite… Sans surprise, le libre-échange ne tarde pas à être fustigé « un drame ! Ceux qui nous gouvernent sont incompétents ». Mais, très vite, les attaques visent une autre cible, plus inattendue : les Verts, « des mondialistes carrément à côté de la plaque ! ». Soudain, la cible se resserre : « On ne va pas répondre aux propositions délirantes d’Eva Joly. D’abord, c’était supprimer le défilé du 14 juillet, puis l’interdiction du « made in France », elle trouve que tout ce qui est patriotique est à vomir… Sauf que c’est sa candidature qui va devenir un véritable gag, un gag de répétitions ! » À l’écouter, on comprend que le véritable chantre de la « vraie écologie », c’est elle !

Eva Joly ne sera pas la seule à être punie. Sur sa liste des cadeaux, il y a aussi Nicolas Sarkozy, qui « n’a qu’à profiter de ses derniers instants à l’Elysée… » et Dominique Strauss-Kahn, « un Français de haut niveau qui a failli être candidat à la présidentielle, qui continue avec arrogance à se promener alors qu’il est une humiliation pour la France. »

Marine Le Pen sort enfin triomphale de la scène, en citant à propos de sa candidature à la présidentielle, Georges Bernanos : « l’espérance est un risque à courir », et promet que si elle gagne, « sa première action sera de rendre le pouvoir au peuple… 

Toujours concentré sur le pas de Marine Le Pen, parmi les autres moutons, la porte du bar des artistes nous a presque claqué au nez… La candidate s’est faufilée à l’intérieur. Fermez le rideau, plus rien à voir. Il ne restait plus qu’à rebrousser chemin… L’occasion de prendre la température chez les passants et l’avis est presque unanime. Soit il n’y en a pas. Soit Marine Le Pen ne dérange pas, voire même, arrange… « Chacun a sa chance. » ; « Quand on est embêté par la racaille, Marine Le Pen peut être utile » mais aussi :  «On est trop taxé ! Elle peut changer ça ! » ou encore « Y en a qui mériterait de rentrer chez eux, comme les travailleurs sans papiers. mais, Je ne suis pas raciste ! La preuve, dans mon stand, on vend des têtes de nègres pour Noël! »
De quoi méditer sur le bon sens populaire n’est-ce-pas? Quand je pense que je ne suis même pas un chien de race, un sans papier, quoi!Y’a plus qu’à prier…

Par Jim

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