9 janvier 2015
Jour de deuil

 

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François Hollande a fait ce qu’il fallait. Une journée de deuil national ( seulement la cinquième de la Vème République) ce jeudi 8 janvier où chacun de nous se relève d’un K.O. qui a changé les regards. Chacun semble ainsi sortir de cet individualisme forcené que nous impose l’occident. Les gens se parlent, se voient. Et commencent la journée pour les téléspectateurs d’I-TV avec le sanglots de Patrice Pelloux. Il devait être là dans cette salle de rédaction criblée de balles et rouge du sang de ses amis; il a été dans les premiers sur les lieux et pleure de ne pas avoir pu tous les sauver. Des larmes, on passe au rire en redécouvrant les dessins des humoristes comme ce monsieur devant une pile de papiers toilette et cette légende: « Y’a plus de Zemmour, je prend du Lotus ».

Pour qui sonne le glas

Au Monoprix, car il faut bien que la vie continue, on annonce qu’à midi, on ne vendra plus rien, on ne parlera plus non plus. Notre Dame sonne le glas, le ciel est en colère, il pleut à verse sur Paris. Sur la page d’accueil de Google s’affiche la carré noir Je suis Charlie.

Au Louvre, le recueillement est immense, pas un mot, pas un son ne perturbe cette minute qui parait si courte. Le personnel est sous la pyramide, sorti des bureaux pour communier avec le plus grand nombre. Echange de mots à la sortie avec des policiers-mon scooter est mal garé; carte de presse et carte de police pour une fois main dans la main. Boulevard Richard Lenoir, le marché semble normal malgré les dizaines de camions TV de toute nationalité. « On est tellement choqués » commente un journaliste de CNBC, « ce sont des confrères qui ont été abattus ». Les passants déposent des fleurs et des bougies là où a été abattu comme un chien Ahmed Berabet, le policier accouru en VTT. Un musulman, tout comme Mustapha Ourrad, le correcteur kabyle exécuté quelques minutes plus tôt à la rédaction de Charlie Hebdo.

Paris, ville déserte

Paris est comme vidée, les magazins désertés en ce deuxième jour de soldes.  Chez Habitat, un vendeur regrette que-sic- « comme pour la météo, on s’arrête à cela ». Au mur du Palais de Justice, le vert Coca Cola a remplacé Apple. Hideuse publicité qui nous agaçait à chaque fois et ce jeudi nous laisse indifférent. Les enfants de retour de l’école racontent; leurs copains musulmans qui ont pleuré, la minute de silence, Marianne avec un tissu noir, la maîtresse qui a demandé à chacun de se caricaturer sur une feuille de dessin.

Les larmes de Jeannette Bougrab sur BFM Tv. On apprend qu’on a tué son amour- Charb. Qu’elle n’a toujours pas pu voir le corps et qu’aucune marche ne lui rendra l’homme aimé, lequel était si seul avec son journal pris dans la tempête.

20 heures, la tour Eiffel s’est éteinte. Le théâtre qu’on voudrait décommander, la fatigue, le froid. Le scooter file entre de très rares voitures. La trottinette pliée dessus, on se demande si certains ne vont pas avoir peur, croire que l’on est armé. La peur qui surgit pour un bout de métal- ils auraient donc gagné? A la librairie l’Ecume des jours, peu avant minuit, les soldats de la culture sont encore là à vendre des livres. On repart avec Soumission de Houellebecq. Ce dernier, sous protection policière, annonce mettre un terme à sa promotion.

Elsa Wolinski apparait dans un dernier écran en guerrière, choisissant l’espoir que son père reste vivant à travers son oeuvre au désespoir de l’avoir perdu. Encore une énième sirène qui retentit, Time Square affiche en immense Je suis Charlie, Barack Obama est à l’Ambassade de France, on éteint la lumière. C’était le 8 janvier 2015.

 

 

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