19 décembre 2012
E. L. James / Engouement à l’américaine

Le livre est en tête des ventes-450 000 exemplaires en France en deux mois; voilà pourtant bien un livre dont le buzz et les ventes-40 millions d’exemplaire aux Etats-Unis et au Royaume Uni- ont largement dépassé la valeur littéraire…Outre-mer, Fifty Shades of Grey, en français  Cinquante nuances de Grey, de Erika Leonard James, a été bien plus qu’un simple livre, il a été un véritable phénomène de société. Qualifié de Mommy porn-du porno pour maman, il a été tout d’abord téléchargé sans même avoir d’éditeur et donc d’exister en version papier. De quoi lire en toute discretion sur sa tablette… Par ailleurs, dans une société disons puritaine, avec des mœurs, une culture, un mode de vie totalement différent du modèle européen. Fifty Shades of Grey, un livre qui parle de sexe, d’érotisme, de sadomasochisme, voilà de quoi faire frétiller les américaines et nos voisines britanniques sur cette trilogie, dont le premier tome est arrivé chez nous mi-octobre. Alors, oui, ça attise notre curiosité, mais au pays de Sade,  il y a de quoi déchanter très vite avec le sentiment à la fin de cette romance érotique d’avoir été légèrement berné vu la profondeur psychologique des personnages et la pauvreté du récit…

Sadomasochisme et versatilité

L’histoire ? La narratrice Anastasia Steele, étudiante timide et vierge – la précision est importante – rencontre lors d’une interview le jeune milliardaire Christian Grey, qu’elle trouve très séduisant – et le mot n’est pas trop fort étant donné qu’elle nous le dit bien une centaine de fois – mais également intimidant et mystérieux. Cette médiocre narratrice a néanmoins du nez car elle va découvrir, lors de leur premier rendez-vous, où il l’emmène à Seattle en hélicoptère – genre prince charmant- le penchant bien prononcé de son séduisant Christian pour le sadomasochisme, lequel veut lui faire signer un contrat, avec tout un tas de règles et de limites, pour faire d’elle sa « soumise ». Ce soir-là, avant de lui faire découvrir ce qu’il appelle sa « salle de jeux » et qu’elle appellera « la chambre rouge de la douleur », le dominant Christian Grey lui dit : « Premièrement, je ne fais pas l’amour. Je baise…brutalement. Deuxièmement, il y a encore des papiers à signer. Et troisièmement, vous ne savez pas encore à quoi vous vous engagez. Quand vous l’apprendrez, vous risquez de fuir à toutes jambes ». Toute l’histoire tourne autour de leur sexuelle idylle, du contrat qu’elle décide de signer un jour, puis non, puis oui, puis non…, de leur ébats sexuels où il sera le professeur et elle l’élève, plutôt que le dominant et la soumise – il lui fait bien plus l’amour, qu’il ne la « baise »-, et de la série d’orgasmes d’Anastasia, pouvant aller à deux pendant l’acte … ce qui en devient très ennuyeux. Alors, roman érotique ? Oui. Sadomasochiste ? Appelons-ça plutôt du sexe pimenté par quelques accessoires et quelques fessées ce qui en fera peut être rougir certaines…à moins que cela ne leur donne envie. A vous de voir…

Par Laura Margis

Cinquante nuances de Grey de E. L. James – Edition JC Lattès – 17,00 €

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