22 novembre 2011
Curiosité de Noel

Pour ceux qui n‘auraient jamais visité la basilique cathédrale Saint-Denis, cette exposition est l’occasion rêvée d’aller y faire un saut. Courage, la ligne 13 du métro s’est modernisée et un joli marché de Noel vous attend sur la place principale de Saint-Denis.

Lieu de culte très fréquenté et empreint de spiritualité, la basilique n’en demeure pas moins un haut lieu de l’histoire de France. 42 rois, 32 reines, 60 princes et princesses, François 1er, Henri II et  Catherine de Médicis, Louis XVI et Marie Antoinette, y ont été inhumés. Croyants, athées, amoureux de l’histoire de France et de l’art funéraire, groupes scolaires, conférenciers, familles, s’y retrouvent dans une belle harmonie, soit pour admirer les tombeaux, soit pour y prier.

L’exposition d’Antoine Schneck sur les gisants de la nécropole royale, réalisée à la demande des Monuments Nationaux, regroupe une trentaines photos. Hélas ! Nous aurions aimé en voir plus. Elle se situe en grande partie dans la crypte où de multiples curiosités vous y attendent : le cœur de Louis XVIII, l’ossuaire des rois, la crypte archéologique. Mais avant cela un détour obligé s’impose pour aller admirer le manteau royal de Louis XVI exposé dans la vitrine d’une petite chapelle.

Antoine Schneck, ancien reporter pour la télévison et photographe de magazine, se consacre depuis quelques années à ses voyages, en Inde et en Afrique notamment, et à l’art du numérique. Une technique ultra moderne et résolument en phase avec son époque. Il a récemment exposé une série de portraits d’animaux de personnalités au Musée de la Chasse et de la Nature en 2011. Pour ce projet il a choisi de photographier les gisants presque grandeur nature (1m/1,3 m pour les portraits et 1m /2m pour les images de plein pied) sur un fond noir rigide et brillant, comme pour ses précédentes expositions. La modernité au service de l’histoire et de l’art funéraire : un paradoxe efficace.

Son objectif agit comme une loupe grossissante capable de capturer les détails qui échappent au regard du visiteur. Le spectateur pénètre littéralement dans ces visages mystérieux aux yeux ouverts et en attente de la résurrection dont une étrange beauté et une incroyable expression de vie se dégage. Cela est particulièrement frappant avec les portraits réalisés dans le marbre dont l’éclat et les rondeurs rejoignent l’aspect de la chair humaine. Le grand mérite d’Antoine Schneck est d’avoir su s’effacer derrière son sujet, et mettre en scène les âmes errantes de ses personnages sans que l’on parvienne à comprendre comment, tant leur apparition semble naturelle. Ils flottent sur les murs de la crypte à la manière de fantômes que l’on aimerait toucher du doigt.

Les Musées Nationaux ont sans doute du être sensibles à la vertu pédagogique de ce travail où le visiteur fasciné, ne peut qu’être saisi par une émotion esthétique, grâce à laquelle il pourra s’intéresser plus facilement aux personnages historiques. Il fallait pour que cette rencontre ait lieu l’intelligence d’un artiste, dont au final on a l’envie et la curiosité de connaitre l’œuvre.  Pari gagné pour cette association de choc !

Anouchka d’Anna

Antoine Schneck à la basilique Saint-Denis.

Jusqu’au 31 decembre 2011. Entrée plein tarif 7 euros.

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