21 juillet 2014
Aix, forcément Rameau…

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Si l’opéra se donne en scène à Aix, le premier festival lyrique de France n’en oublie pas le concert. Après le récital d’Alexandre Tharaud dans le mythique Théâtre de l’Archevêché, c’est au Grand Théâtre de Provence, inauguré en 2007 avec La Walkyrie, que se sont pressés les amateurs de baroque et de légende. Car Les Boréades, ultime opus de Rameau, que l’on célèbre généreusement en cette année du deux-cent-cinquantième anniversaire de la mort, ont été jouées pour la première fois sur le plateau du Théâtre de l’Archevêché le 21 juillet 1982, dix-huit ans après une version de concert en 1964 à la Maison de la Radio – l’interruption des répétitions, pour des raisons non élucidées, puis la disparition du compositeur, ayant compromis la création au siècle des Lumières. John Eliot Gardiner et une poignée de musiciens que l’on appelait encore baroqueux étaient à l’œuvre.
Plus de trente ans après, Marc Minkowski rejoint la cohorte de ceux qui se sont mesurés à cet ouvrage testamentaire, à l’intrigue peu théâtrale peut-être mais aux trouvailles musicales ô combien délicieuses, comme la tempête qui relie le troisième au quatrième acte, l’Entrée de Polymnie ou le prélude du cinquième, à l’harmonie morcelée pour suggérer l’essoufflement des vents. A la tête de ses Musiciens du Louvre Grenoble, il impulse une irrésistible vitalité aux nombreux mouvements de danse, privilégiant l’allant chorégraphique. Emmenés par la lumineuse et sensible  Alphise de Julie Fuchs et l’admirable Abaris de Samuel Boden, c’est toute une troupe de jeunes solistes, anciens pensionnaires de l’Académie européenne de musique du festival d’Aix – et pour certains de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris – que l’on retrouve avec plaisir : Chloé Briot – Sémire, Amour, Polymnie et Nymphe – Manuel Nuñez Camelino et Jean-Gabriel Saint-Martin, Calisis et Borilée, les prétendants, Damien Pass, Borée d’une belle allure, ou Mathieu Gardon, Apollon et Adamas à la diction aussi limpide que ses comparses. Nul besoin de surtitres pour suivre, pas plus qu’avec les chœurs, dévolus à l’ensemble Aedes, remarquablement préparé par Mathieu Romano. Une incontestable réussite saluée par une salle où l’on pouvait croiser entre autres, parmi le monde des musiciens baroques, le chef Raphaël Pichon ou le contre-ténor Rodrigo Ferreira… L’Histoire se prend une cure de jouvence, et cela ne pouvait se manquer.
Les Boréades de Jean-Philippe Rameau, Festival d’Aix-en-Provence,  jusqu’au 26 juillet 2014

GC

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