15 octobre 2016
Chanel entre au musée

l1100665

Avant de devenir une cash machine pour la famille Wertheimer, Chanel fut le nom d’une femme indépendante et fière- un  » petit taureau noir » pour Cocteau- qui adorait Venise, ville dont le lion est l’emblème tout comme cette native du même signe astrologique. Le magnifique musée d’art moderne de Venise, le Ca’ Pesaro, un palais situé sur le Grand Canal, accueille jusqu’au 8 janvier 2017 une très belle exposition sur le thème de ses lectures et de son goût pour les poètes et écrivains de sa génération. La Donna che Legge, la femme qui lit est ainsi l’occasion de retrouver tous les livres de sa collection, la plupart dédicacés, ainsi que son amitié pour les artistes d’Apollinaire à Mallarmé en passant par Diaghilev lors de sa participation aux costumes des ballets russes. Son encre et son papier, c’était les tissus, les couleurs, pratiquant l’élégance stylistique à travers ses vêtements  qui sont également exposé, avec les créations de Karl Lagerfeld comme cette robe en crêpe marine brodée de motifs russes au milieu des vitrines contenant les livres de sa vie. Solitaire, Coco aimait lire, les livres lui offrant des réponses dans son chemin de vie, à l’époque marginal et des plus originaux.

Morand, Cocteau, amis de toujours

Éclectique, l’exposition propose toutes formes d’art avec un tableau de Picasso de 1917, Femme dans un fauteuil lisant, le manuscrit de Madame Bovary de Flaubert, une photo de Chanel assoupie un livre à la main, les livres de Verlaine, Claudel ou Proust, l’éventail japonais ayant appartenu à sa grande amie Misia Sert, sur lequel Stéphane Mallarmé écrivit « Aile que le papier reploie/Bats toute si t’initia/Naguère à l’orage et la joie/De son piano Misia » ou encore des recueils de poésie de Paul Reverdy qui fut l’amant de Coco. Igor Stavinski qui partagea aussi son intimité est présent à travers les originaux de ses partitions, et bien sûr les grands amis de Coco, Paul Morand lui dédicaçant Lewis et Irène en notant « ce Lewis qui fut un peu Boy Capel (l’amour de Coco) », ainsi que Jean Cocteau, qui lui consacra un magnifique livre L’allure Chanel. Dès lors, même si la scénographie laisse un peu sur sa fin-les livres sont ardus à mettre en scène, c’est un très beau voyage au coeur de l’inspiration de cette grande artiste elle-même que nous offre cette exposition qui, espérons-le viendra à Paris…

LM

Chanel, La Donna che Legge, Ca Pesaro jusqu’au 8 janvier 2017

Articles similaires