12 septembre 2016
La violence et la guerre pour cette rentrée littéraire

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Chaque rentrée de septembre, c’est la même chose; on nous parle des livres incontournables avec cette idée que l’on ne prête qu’aux riches et que c’est toujours des mêmes que l’on parle. Autant dire que c’est l’hécatombe quasi assurée pour les auteurs moins connus que les Nothomb, Ormesson, Delerm, Sollers ou Schmitt et consorts. Une certitude pour cette rentrée 2016: les écrivains, en cette époque lourde de guerres et de violence, s’y intéressent plus que jamais.

Guerres en tous genre

Ainsi, Karine Tuil dans L’insouciance, publié chez Gallimard est partie d’ une embuscade au sein des troupes françaises basées en Afghanistan pour suivre le destin d’un des rescapés, victime de ce que l’on nomme le syndrome post-traumatique, à l’image de Delphine Coulin et son Voir du pays, qui vient d’être adapté au cinéma (depuis ce mercredi dernier dans toutes les salles). Toutes nos défaites chez Actes Sud mêle pour sa part des personnages réels issus de lointaines épopées tel Hannibal, le général Grant, à d’autres, figures imaginaires, placés dans le présent : une archéologue qui cherche à sauver des pièce de musées en Irak, un agent des services de renseignement à Beyrouth; à l’arrivée, un roman âpre et prophétique pour la paix et un plaidoyer contre tout combat, inutile « par essence », le seul concevable étant celui pour la beauté.

La résilience pour certains

La guerre,  subie dans sa propre chair,  trois auteurs qui ont écrit leur premier roman la racontent également en cette rentrée;Harry Parker, ancien soldat qui a sauté sur une bombe en Afghanistan et a été amputé des deux jambes. Son Anatomie d’un soldat publié chez Christian Bourgois montre un héros que le monde oublie, portée heureusement  par son entourage. Sara Novic nous entraîne, elle, à Zagreb en Croatie avec La jeune fille et la guerre  chez Fayard dans un premier roman en partie autobiographique, dans lequel elle revient sur ses années d’enfance en Serbie lorsque la guerre éclate, seule survivante d’une famille décimée dans une embuscade, puis sur sa tentative de reconstruction aux Etats-Unis.

Beaucoup d’émotion aussi dans un autre premier roman, Petit pays chez Grasset  de Gaël Faye, qui vient de recevoir le Prix du Roman Fnac. Une vraie découverte avec ce récit de la vie d’un petit garçon au moment où la guerre éclate au Burundi. Comme chez Sara Novic le contraste est saisissant entre l’avant et l’après guerre… Gaël Faye réussit à nous faire pénétrer dans son « petit pays », ressentir ses odeurs et ses terreurs et parle de sa résilience par les livres et la musique.

La violence pour d’autres

La guerre, la violence, elle est partout présente dans levier de Jean-Baptiste del Amo, l’ un des livres les plus marquants de la rentrée. Règne animal, publié chez Gallimard, retrace, du début à la fin du vingtième siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à l’élevage porcin; au fil de cinq générations qui vont traverser le siècle, ses guerres et ses conflits, on suit ces hommes au contact des animaux, unique point d’équilibre dans ce monde « sauvage dans un très beau roman qui interroge sur les équilibres de notre monde en folie.

Ainsi, le retour sur des faits divers occupe également la rentrée littéraire avec  Ivan Jablonka , qui revient dans Laëtitia ou la fin des hommes publié au  Seuil revient sur le meurtre de Laetitia Perrais, une jeune fille de Loire Atlantique qui avait ému la France entière et tente de comprendre de quel symptôme cette violence est le nom. Un livre qui va très loin dans le mélange entre le récit factuel et l’analyse tout comme La mésange et l’ogresse chez Plon de Harold Cobert  avec le personnage de Fourniret, tueur en série, dont l’auteur s’intéresse à sa femme, Monique, complice et victime. Quant à Simon Liberati, c’est avec la famille Manson et l’horreur presque cinématographique du meurtre de Sharon Tate, qu’il revient dans California girls chez Grasset. En trois actes, il reconstitue un western psychédélique, avec le lyrisme qui le caractérise.

Enfin, Régis Jauffret dont on connaît le goût pour les histoires étranges, a imaginé une association de malfaitrices entre une ex-amante qui a quitté un homme et la mère de celui-ci dans un macabre projet que le titre du livre, Cannibales au Seuil, annonce d’emblée. Un large choix dans les univers et les histoires décrits par chacun, avec cette idée que vous ferez votre choix au milieu de tous ces récits dont nous vous reparlerons plus longuement. Alors bonnes lectures!

Par la rédaction

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