22 janvier 2016
La mer Egée, l’ogre des migrants

 

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Cette semaine Leila Alaoui est morte, en mission pour une ONG sur les violences faites aux femmes au Burkina-Faso. Peu de gens connaissait son engagement artistique aux côtés des migrants comme cette série de clichés No Pasara-On ne passe pas, clichés édifiants sur ceux que l’on voudrait pudiquement appeler des « réfugiés » comme s’en plaignait un ami journaliste d’Inter, revu à la cérémonie des voeux de Fleur Pellerin. C’est d’ailleurs en rendant hommage à cette jeune photographe de 33 ans qui a perdu la vie dans l’attentat de Ouagadougou que la Ministre a débuté son discours devant une salle comble où le monde de la culture était bien sous-représenté, laissant l’exercice des ronds de jambes aux directeurs de chaînes et autres journalistes privés des voeux de Francois Hollande à l’Elysée-une première.

 

Un noyé par jour

Cette semaine, une dizaine de migrants sont morts noyés loin des objectifs, dont vingt enfants ce jeudi en Mer Egée, si meurtrière déjà dans la mythologie, nouveaux petits martyres qui n’auront pas droit, à la différence du petit Alyan en septembre dernier, aux Unes de la presse mondiale. Tout juste un reportage en ouverture du JT de France 2 ce vendredi, des images de détresse intense qui ne sont plus que sujet à un commentaire en off deux heures plus tard au Soir 3.

On bat pourtant un record en ce mois de janvier tout comme l’an dernier- 3500 morts noyés en 2015 soit un par jour. Déjà 150 victimes parmi ces hommes, femmes et enfants syriens, afghans ou irakiens qui, en raison de la fermeture des frontières terrestres, sont désormais contraints à  prendre tous les risques pour pouvoir entrer dans une Europe en passe de devenir une vraie forteresse tandis que les trafiquants font des soldes sur le prix de la traversée- 1000 dollars au lieu du tarif habituel de 2500. On brade donc, des boutiques des capitales européennes aux rives de la Méditerranée, en ce mois de janvier ô combien âpre, avec pour les Français le premier tiers à payer sur les revenus, le désespoir des agriculteurs qui produisent lait et viande à perte avec à la clé un suicide tous les deux jours et ce froid qui alourdit la facture de chauffage et grève le moral. De quoi vouloir rester bien au chaud, les portes de son coeur, de sa maison- lorsqu’on en a une- et accessoirement, celles de son pays bien vérouillées.

Par Laetitia Monsacré

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Photos e Leila Alaoui, à admirer sur son site  où s’affiche encore son numéro de portable…

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