12 décembre 2015
Norma, sublime amante

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« La meilleure Norma actuellement au monde ». Michel Franck, le directeur du Théâtre des Champs Elysée ne s’est pas trompée: la soprane italienne Maria Agresta est tout simplement étourdissante dans l’opéra de Bellini à courir voir jusqu’au 20 décembre 2015. Car la mise en scène épurée qu’a imaginé le toujours aussi talentueux Stéphane Braunschweig pour ce drame amoureux et maternel sert admirablement ce livret qui n’est pas sans rappeler la tragédie de Médée. Voilà donc une prêtresse, une Casta diva-ah, cet air que l’on entend avec délice après 20 minutes- qui aime un Romain avec lequel elle a eu deux enfants cachés, mais qui la trompe avec une jeune vierge, Adalgise-superbe Sonia Ganassi, « dans la grâce de son aspect, je crus contempler un autre ciel, oui, un autre ciel en lui ».

Epure d’une mise en scène « au service »

Donc, un trio amoureux au service du bel canto et du drame car Bellini n’est pas Labiche…Et c’est tant mieux vu la beauté de ce livret, plus proche de Racine: « Ah que me revienne dans sa beauté ton fidèle amour sacré », Oublie enfants, promesses, honneur…Maudit par ton dédain, tu ne jouiras pas d’un amour impie. Par-delà les ondes et par-delà les vents te suivra ma furie ardente ».

Car, elle est en colère Norma, voulant la mort de son amant, de la maîtresse de celui-ci et même de ses propres enfants, deux adorables silhouettes sur la grande scène du TCE, tantôt cachés sous les draps ou couchés en chien de fusil contre leur mère. Vengeresse, elle muera au second acte en amante sacrificielle, en « femme sublime », mourant au bûcher aux côtés de Pollion, son amour de Romain qui se repend, un peu tard: « Avec mon remord est ravivé mon amour, plus désespéré, plus furieux encore. Mourons ensemble, ah! oui, mourons. » Et pour les spectateurs présents ce soir-là,  de mourir aussi de plaisir devant un opéra aussi bien servi, ce que certains bourgeois pisse-vinaigre ont refusé de reconnaitre, Stéphane Braunschweig étant hué. De quoi le laisser « encore étonné mais pas touché », sa mise en scène faisant preuve d’un « mise au service » de l’oeuvre de Bellini sans jamais être égotique comme certaines autres- on vous en reparlera avec La Damnation de Faust de Alvis Hermanis.

LM

Norma de Bellini jusqu’au samedi 20 décembre 2015 au TCE

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