10 octobre 2015
L’odeur de la mandarine, la délicieuse senteur de la rentrée

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Rendre le spectateur intelligent. JimlePariser assiste trop rarement à cette magie qui consiste chez un réalisateur à lâcher le démonstratif pour laisser deviner à coup de regards, de « sous texte », de phrases économes, de natures mortes comment les personnages vivent une situation. Gilles Legrand est un maître en la matière (Alice Winacour s’en sort également très bien dans Maryland, une sorte de De Rouille et d’os à l’envers).

Après le magnifique Tu seras un homme mon fils qui se déroulait dans les vignobles bordelais, le voilà en 1914, dans une belle demeure bourgeoise où une jeune mère-fille, Angèle, arrive comme infirmière au service du maître des lieux, Charles Edouard, capitaine de cavalerie dont la belle allure a été fauchée par un obus. Un moignon lui fait désormais office de jambe et avec cette perte effrayante pour un cavalier, c’est bien sûr toute la vie qui s’est arrêtée. Angèle, elle aussi, est infirme, amputée de son amour, Armand, mort au combat. Ces deux-là vont donc se trouver- enfin cela se gâtera au lit- complices de chaque instant, lui un peu penché dans ses bottes et elle, délicieusement émancipée. Les dialogues font mouche, « Vous avez de jolies oreilles mais elles n’entendent pas bien », « Vous me tendez la main, je me retrouve avec un gant vide » servis par Olivier Gourmet et Georgia Scallet, aussi irrésistibles l’un que l’autre. La sociétaire de la Comédie française offre une diction, un maintien, une justesse à ce superbe rôle de femme, devenu si rare au cinéma. La métaphore avec les chevaux, le plaisir qu’un galop offre dans la forêt, complètent avec de très belles images ce scénario écrit au cordeau où les personnages secondaires sont autant attachant que les rôles principaux comme Emilie, la bonne à tout faire jouée par Hélène Vincent. Le plus joli film de la rentrée.

LM

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