27 janvier 2015
Jean Réveillon, au service

 

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Jean Réveillon est du Nord. Il a la chaleur et la fidélité que l’on prête souvent aux gens de « là-bas », nés sous cette latitude pas des plus accueillantes. Aussi, lorsqu’ il a promis à son partenaire de roue de vélo, Michel Pruvot, qu’un jour ils chanteraient ensemble, le pensait-il vraiment. Tout comme lorsqu’il annonça à Rémy Pfimlin qui lui donna les clés de France 2 en 2012, que le jour de ses 65 ans, soit deux ans plus tard, il partirait pour la chanson. Mais, ne vous y trompez pas; à la différence de tant de gens qui font enfin ce qu’ils rêvaient de faire une fois la retraite venue, Jean Réveillon n’ a pas attendu pour vivre ses passions. Du vélo découvert dans la boutique de cycles de ses parents au journalisme, puis des sports en général aux plus hautes responsabilités dans les médias, il a su mettre de la bienveillance dans ce PAF qui en est si avare, perpétuant cette ambiance de la grande boucle où Antoine Blondin avait ses fameux verres de « contact ». Le vélo, ou plus exactement une erreur de dossard, qui l’a mis en selle il y a presque cinquante ans, avant d’attaquer aujourd’hui la scène avec les schlagers, des chansons « à boire » venues d’ Outre-Rhin qui sont en train- sa générosité et son carnet d’adresse aidant- de virer au phénomène. Mais laissons-le raconter cet itinéraire à la Prévert, il fait cela fort bien, en vieil habitué des interviews qu’il donne avec un plaisir des plus communicatif.

Le journalisme est arrivé comment dans votre vie?

Un de mes copains avait un oncle reporter à Paris Match, imaginez comment ça pouvait faire envie au jeune homme que j’étais! L’envie donc, puis l’occasion qui est venue grâce à une course de vélo où je participais; le journaliste de La Voix du Nord s’est trompé dans son article sur mon nom et pour réparer ça, il m’a présenté au service des sports où l’on m’a offert un stage. Je me souviens avoir découvert le plaisir du commentaire sportif en hurlant mon reportage en même temps que je pédalais sur les sentiers du nord.

Et la chanson?

Sans être dans une misère hugolienne, on n’avait dans ma famille que cela pour se distraire le soir, en l’absence de la télévision. Je chantais Gilbert Bécaud ou Sacha Distel pour ma grand-mère, dans son lit ou à table, à la fin des repas.

Pourquoi avoir choisi ces chansons qui semblent d’un autre temps?

Vocalement, elles sont à ma portée! Je travaille avec un professeur de chant, Jeremy Reynolds, coach vocal que l’on a découvert sur M6. Et puis, avec ces mélodies, on offre enfin un répertoire à tous ces gens qui ne sont jamais pris en compte par les chanteurs: les séniors. Le schlager me plaisait à l’oreille, ça me rappelle mon univers de base musical avec comme instrument principal, l’accordéon.

 Comment avez-vous travaillé avec Michel Pruvot pour donner naissance à ce disque?

Les chansons ont été choisies parmi 200 mélodies et mises à la « sauce française ». On est parti d’une version instrumentale puis les paroles ont été écrites ensemble. J’ai d’ailleurs pris tellement de plaisir à cette écriture que j’ai voulu prolonger cela pour d’autres chanteurs comme Zaz, Florent Pagny ou Johnny ainsi que des comédies musicales comme Sexygenaire, que j’ai déjà finie.

Vous avez du plaisir à vous adresser à ce public  jusqu’à présent délaissé?

C’est en effet un bonheur profond que de le retrouver, car  je ne l’ai jamais lâché! Avec le vélo,  j’étais déjà dans l’intergénerationel et l’intersocial. J’ai toujours essayé de privilégier cela, y compris dans les programmes télévisés comme Frédéric  Taddei que j’ai accueilli sur France 2 ou Parents Mode d’emploi. C’est une immense satisfaction que de  toucher un maximum de gens sans clivage social; regardez la Famille Bélier, la chanson, c’est de l’amour qu’on donne aux autres, sans distinction.

O toi l’amour de ma vie, chanson phare de son duo serait-il une déclaration d’amour au public? Après le service public, voilà Jean Réveillon une nouvelle fois à son service, micro à la main, confirmant que la vie ne s’arrête pas lorsque l’on rend sa voiture de fonction. Et qu’il n’y a pas d’âge pour être jeune…

Par Laetitia Monsacré

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