23 juillet 2014
Le « in », rien ne va plus?

L1100258

Olivier Py était forcément attendu. Entier, talentueux, souvent capable du meilleur comme sa mise en scène des Dialogues de Carmélites au Théâtre des Champs Elysées, le nouveau directeur du Festival « in »présente son premier bilan à quelques jours du clap final, le 27 juillet prochain  :104 522 billets délivrés, un taux de remplissage de 87,55%, des recettes de  2 127 000 euros contre 2 450 000 prévus.  Il aura présenté par ailleurs trois créations dans ce « festival » dont il rêvait d’avoir depuis longtemps les clés: Orlando ou l’impatience, Vitrioli, de l’auteur grec Yannis Mavritsakis pour une plongée boueuse- au sens propre du terme et toute en noirceur à la radicalité esthétique extrême dans une Grèce en pleine décomposition sociale; et La jeune fille et le moulin d’après les frères Grimm pour le jeune public auquel il tient particulièrement, proposant cette année une véritable politique tarifaire en leur faveur-moins de 20 euros la place.
Ils étaient ainsi nombreux dans la Cour d’honneur du Palais des Papes à tenter de comprendre ce que lentement-très lentement, le scénographe et chorégraphe Lemi Ponifasio, originaire des iles Samoa et adulé par la critique internationale- essayait de nous dire. Beaucoup de plus vieux dont le fessier devait se rebeller tout comme les oreilles partirent avant la fin de ce qui restera comme de ces oeuvres qu’on qualifient « d’exigeantes, voire obscure ». L’espace était néanmoins fort bien utilisé-la Cour est des plus vastes- avec certains tableaux d’une beauté à couper le souffle. Voir une femme se faire cracher dessus du sang, une autre hurler sa colère en langue incompréhensible ou un crucifié recevoir des oeufs frais était toutefois-comment dire- une expérience…

Théâtre 2.0

Au moins était- elle supportable contrairement à La imaginacion del futuro, pièce du chilien Marco Layera que Le Monde, fort complaisant, a pourtant trouvé « théâtral ». Réécrire le discours d’Allende par des communicants, l’idée était irrévérencieuse et alléchante. Se retrouver avec des acteurs hurlant et buvant des Coca Light devant un président muet et potiche, relooké en survêtement Adidas blanc et or, avec une des actrices se foutant  à poil et proposant une fellation à un pauvre spectateur filmé en direct pour qu’il donne 20 euros pour aider un adolescent chilien l’était bien moins…Cette édition 2014 a montré en effet combien l’interactivité était désormais à la mode avec un spectateur qui ne peut plus regarder tranquillement un spectacle mais, se retrouve lui même dans ce que d’aucuns appellent une « oeuvre ». Car pour Robyn Orlin, chorégraphe sud-africaine et une habituée du « in », on ne peut pas dire que vingt minutes à voir ses danseurs armés de tongs pour chasser les mauvais esprits dans le public et des sms en commentaire envoyés de son Iphone suffisent à vous donner envie de rester coincé plus d’une heure dans un gymnase sans ventilation! Voilà ainsi un aperçu de ce qui divise toujours autant le public, entre hués et bravos avec cette impression que le « in » cherche avant tout à fuir le tiède. C’est de ce point de vue une fois encore réussi!

LM et FD

Festival d’Avignon, jusqu’au 27 juillet, voir site

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