29 juillet 2014
De la Cour d’honneur à la prison Sainte Anne

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Quitter Aix pour Avignon, c’est exactement comme refermer le Figaro et ouvrir Libération. Dès l’arrivée dans la ville qui a pourtant conservé ses remparts, on est saisi par le vent libertaire, l’esprit mai 68 qui règne dans les rues d’une ville qui semble un mois durant au bord de l’anarchie. L’avenue de la République, fermée à la circulation pendant tout le festival a des allures de Cour des Miracles où l’on se presse pour voir des spectacles de rue de qualité souvent bien supérieure à ceux payants, qu’ils soient dans le » in » ou le « off ». Chaque année c’est en effet un peu la roulette russe que de choisir ses spectacles, avec dans le « in » au moins la possibilité de partir avant la fin; les salles du « off » sont souvent si petites qu’à moins de faire lever toute la rangée, on est irrémédiablement piégé… Et d’autant plus malheureux de savoir qu’à la même heure, une vingtaine d’autres pièces sont jouées – imaginez 111 salles de théâtre pour plus de 1000 pièces jouées chaque jour , avec la première à 9 heures 20 et la dernière, à 23heures 45- et donc forcément une, quelque part, qui vous aurait emballé. Car il y en a pour tous les gouts ici, du plus « radical » (pour ne pas dire chiant) dans le « in »- genre une pièce en slovène sous-titrée à Ma femme à un amant, lui aussi ou encore Recherche pigeons  désespérément et de les trouver, comme ce couple d’avignonais s’en plaignait-« un vrai spectacle de patronage », ajoutant que cela faisait longtemps qu’ils n’allaient plus au « in ». Il faut dire, comme l’a mis en scène avec beaucoup d’humour Bernard Faivre d’Acier (Directeur du Festival d’Avignon pendant plus de 10 ans) dans Les Codes- Barres d’Avignon  à la maison Jean Vilar que « c’est dès les réservations au téléphone- un acte d’amour ou de sang froid »  que la patience du festivalier est mise à épreuve « ce qui est un bon test pour savoir s’il saura garder son calme lorsque certaines pièces durent 24 heures… ».

Le in, chapitre un pour Olivier Py

Cette année, point de marathon existentiel (maximum quatre heures avec The Foutainhead en néerlandais surtitré), mais des intermittents qui prennent la parole au début des spectacles du « in » , en live ou en bande son enregistrée-selon, devant des spectateurs qui semblent assez peu concernés. Peu arborent ainsi le petit carré rouge en signe de soutien et la manifestation du samedi 20 juillet a été beaucoup moins significative que celle en faveur de la Palestine, le jour même, devant des CRS des plus placides, chargés de défendre au cas ou la sous-préfecture. Côté « off » qui ne bénéficie d’aucune subvention, la grève est un luxe qu’aucun ne peut se permettre, à 20 000 euros le ticket d’entrée moyen pour une compagnie souhaitant y participer. Cette édition 2014 ressemble ainsi à toutes les autres, avec des terrasses pleines et des affiches accrochées partout, une ambiance bon enfant voire quasi fraternelle de tous les fans de théâtre qui se retrouvent ici annuellement pour leur rail de coke: vertige assuré mais attention à l’overdose…A soigner en prison avec la Collection Lambert ou devant un bon plat, accompagné d’ un verre de rosé « la boisson énergétique locale », alors suivez le guide!

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