10 avril 2014
Bali/ Lâcher prise

bloo-lagoon-village

A Bali, le lâcher prise est une philosophie, voire la religion pour les balinais qui, vivant au jour le jour, nous prennent tous, occidentaux sans cesse en mouvement, en attente, en devenir, pour des fous. Le touriste lui, pourra se « lâcher » dès le début de la journée en ce qui concerne sa tenue; pas de questionnement quant à savoir quoi porter, il fait toujours beau. Il devra ensuite accepter de se perdre dans ce pays où les panneaux indiquant les routes sont tous verts et en hauteur comme les arbres, lorsqu’ils ne sont pas effacés ou inexistants. La boussole reste alors le meilleur moyen de se repérer ou le volcan vu la taille réduite de l’île. Demander sa route est une autre solution-vous ne ferez pas dix mètres sans croiser quelqu’un dans cette île surpeuplée- mais jamais garantie d’autant que le balinais ne sait absolument pas lire une carte. Conduite à gauche, les fesses malmenées par la selle du scooter- le salut ici, c’est d’aller vers le nord, sitôt débarqué de son avion-comptez 14 heures de Paris. Car, le sud de Bali, à l’exception du ghetto climatisé de Nusa Dua- des palaces ultra sécurisés et des plages impeccables avec un relent de colonialisme assez violent- vous ne verrez pas des balinais mais des femmes de ménage, des serveurs, bref tout ce que le tourisme a engendré de servitude volontaire et universelle- c’est au nord d’Ubud que l’on quitte enfin le trafic rendu épuisant par des milliers de scooters et que l’on commence à voir les paysages que Julia Roberts traversait à bicyclette dans le film Mange, prie et aime.

Nusa Dua, le bassin d’Arcachon en plus chaud

Reste que Hollywood étant ce qu’il est, les voyagistes aussi, Bali est très loin de la carte postale que l’on vend au prolétaire en mal de soleil qui commence d’ailleurs à défigurer allégrement les rizières pour avoir sa maison avec piscine à 50 000 euros. Les plages peuvent y être  bondées comme à Kuta ou Seminyak, avec des rouleaux qui rendent hasardeuse la baignade comme à Canggu ou Uluwatu ( et ses guest houses plutôt renversantes accrochées à la falaise), paradis des surfeurs-moyenne d’âge 20 ans et interdit aux handicapés. Voilà pourquoi fleurissent les hôtels en béton-même pour le très cher Intercontinental de Seminyak avec une piscine pour barbotter face à la mer, et en prime la chapelle pour se marier comme à Nusa Dua ( là, c’est le Mata Hari Terbit qu’on vous recommande-un repaire d’allemands mais seul joli hôtel raisonnable et offrant des bungalows traditionnels sur la plage) où pourtant la mer est comme celle du bassin d’Arcachon-en plus chaude, les bruits des bateaux moteur étant remplacés par ceux des jet skis.

Entre chiens et coqs

Le bruit, il est omniprésent, même la nuit, que ce soit des chiens qui aboient, des coqs qui hurlent-c’est un animal de compagnie là-bas- ou des bruits de moteurs comme le ferry reliant toute la nuit Padang Bai à Lombock. Dommage, car c’est dans les hauteurs de la baie que se niche un hôtel particulièrement agréable, le Bloo Laggon Village avec ses villas avec leur toit traditionnel en paille, salle de bain estérieure et piscine naturelle dominant la mer, le tout avec une volonté de respect de l’environnement plutôt sincère; eau recyclée, pas d’insecticide, le vent à la place de l’air conditionné, le lieu est à 100 euros la villa privée un des meilleurs rapports qualité-prix de l’île. La vie y est il faut dire peu chère, à condition de sortir de l’économie pour touriste-on se fait masser pour 6 euros l’heure, et les repas, poissons, riz ( souvent épicés)  sont environ au même prix. Se sentir riche, voilà sans doute une des choses que vient chercher ici l’homme blanc…Riche de roupies mais pas forcément de beaucoup d’autres choses en comparaison aux balinais qui se tiennent dans leurs villages-temples loin des côtes, bien entre eux-pour l’instant…

LM

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