2 mars 2014
Eloge du fric et du vide

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Les cartons sont restés sur le bureau; l’écriture penchée à l’ancienne, les signes que l’on apprend à reconnaitre (Agnes b. met une pastille dorée pour ceux qui auront droit à une coupe de champagne-effet discriminatoire garanti), la Fashion week mars 2014 s’est faite sans nous. Perdre une heure pour dix minutes de show avec des filles qui passent en faisant la gueule dans des vêtements aux prix obscènes imaginés par « un directeur artistique » pour défendre non plus une maison mais une « marque « , le culturel a bien disparu; seul l’industriel reste. Ce que démontre d’ailleurs avec limpidité le duel qui a affronté à coup de milliards d’euros François Pinault et Bernard Arnault dans leur course à acquérir ces usines à profit que sont devenues les grandes marques de luxe. Et tant pis si cela fait des morts-Alexander Mac Queen- ou des blessés- John Galliano- pauvres artistes auxquels on imposait des cadences insoutenables et le risque de devenir de vrais schizophrènes entre faire le buzz sur scène et satisfaire la cliente en boutique. Ou des ouvrières qui se mettent en grève comme chez Hermès en décembre 2012 pour obtenir une revalorisation de 60 euros sur leur salaire mensuel lorsqu’elles passent leur journées à fabriquer des sac Kelly vendus 10 000 euros en boutique!

Des millions pour dix minutes

En attendant, des dizaines de berlines avec chauffeurs-Mercedes sponsor officiel y joue sa carte annuelle « luxe », des camions assurant la logistique, des tentes dont l’installation atteint pour les plus grandes marques facilement le million d’euros-pour Chanel au Grand Palais, le budget est illimité et secret défense- ont colonisé Paris, drainant ce que l’on appelle « la planète mode » de fêtes en happening, suivis par une cohorte de pauvres hères armés d’appareils photos pour saisir un instant les fashionista prêtes à n’importe quel effet vestimentaire ridicule pour avoir quelques secondes leur heure de gloire. Rajoutez les people au front row, assaillis par des photographes puis interviewés backstage tout comme les stylistes par des blogueuses mode aux QI de la taille d’un brillant Swarkovski, à la taille 44 plutôt que 36 et vous aurez une bonne idée de ce barnum d’une vacuité, toxicité et obscénité abyssale auquel nous avons avec bonheur, pour cette édition automne-hiver 2014-2015, choisi d’échapper.

AW

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