24 septembre 2013
L’opéra comme au cinéma

Krzysztof Warlikowski aime inviter le cinéma dans ses mises en scène, et cette Affaire Makropoulos  donnée pour la première fois en 2007 le montre une fois de plus. Pendant l’ouverture, menée tambour battant, l’on est plongé dans les premières séquences de Sunset Boulevard, où l’on découvre le corps d’une gloire du muet dans sa piscine, avant quelques archives de Marilyn Monroe et de King Kong.  A la manière d’une ouverture musicale, tout le matériel scénographique se trouve condensé, jusqu’à la piscine où meurt Emilia Marty, au bout d’une vie de 337 ans et de multiples réincarnations. Avec une virtuosité remarquable, Warlikowski a su mêler l’intrigue judiciaire – la question d’héritage – à la parabole sur la fascination pour la jeunesse éternelle et l’idolâtrie associée dont la blonde Marilyn est un avatar. Si le premier acte peut sembler un peu laborieux pour des oreilles non averties, la grande scène finale où l’héroïne révèle son secret est l’une des plus magnifiques pages du répertoire. C’est la solide Ricarda Merbeth qui prend le relais d’Angela Denoke, et si l’on peut émettre quelques réserves sur la distribution masculine, il faut saluer la direction claire et précise de Susanne Mälkki, laquelle rend justice à un opéra qui se suit comme un excellent film. Alors n’hésitez pas à venir voir l’un des rares succès consensuels de Warlikowski : la Bastille dispose encore de nombreuses places pour vous proposer cette belle découverte…

GC

L’Affaire Makropoulos, jusqu’au 2 octobre 2013 à l’Opéra Bastille

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