12 septembre 2013
La Mostra en panne

 

Il est particulièrement difficile de s’arracher d’une plage baignée de soleil, la mer à 20°, avec de plus des cabines au luxe suranné comme celles de l’hôtel Excelsior pour aller voir, à quelques mètres de là, enfermés dans une salle, des films qui racontent la misère du monde, avec parfois une absence totale de dialogue et des plans séquences durant plus d’un quart d’heure. Comme à Cannes, l’édition 2013 de la Mostra ne restera pas dans les annales, avec comme meilleure preuve, pour la première fois en soixante dix ans-la Mostra est la plus vieux festival de cinéma au monde-le Lion d’or attribué à un documentaire et non à un long métrage…De cette édition, on retiendra surtout le film de Xavier Dolan, Tom à la ferme, un thriller psychologique filmé dans la campagne québécoise et Philomena de Stephen Frears avec une impeccable Judi Dench pour un voyage à travers les Etats-Unis d’une mère irlandaise à la recherche de son enfant adopté cinquante ans plus  tôt. Deux films archi-favoris et pourtant repartis bredouilles, Bernado Bertolucci et son jury avec notamment l’actrice française Virginie Ledoyen, ayant choisi pour la récompense suprême Sacro GRA, chronique d’une autoroute romaine filmée sur deux ans par l’italien Gianfranco Rosi, avec sa cohorte de personnages énigmatiques pour une fable moderne sur les mégalopoles d’aujourd’hui. Côté français, rien de très réjouissant avec un film en noir et blanc de Philippe Garrel à mourir d’ennui-La jalousie et la dernière réalisation de Patrice Leconte qui après son Magasin des suicides particulièrement raté récidive cette fois avec un film en costumes et en anglais, adaptation d’une nouvelle de Zweig, La Promesse, qui confirme qu’il reste des producteurs prêt à perdre de l’argent… Entre Miss Violence-viol, suicide, maltraitance et La femme du policier,à peu près les mêmes thématiques, le festivalier a eu la vie dure tout au long de ces dix jours. Seul moment de réjouissance, le bel hommage filmé par Andrzej Wajda- Walesa, Man of hope, qui revient sur le personnage ô combien charismatique de celui qui fit basculer son pays, la Pologne, dans la démocratie. Un film historique qui dure deux heures sans qu’on les voit passer, formidablement interprété par Robert Wieckiewicz et Agnieszka Grochowska, impeccable dans le rôle de Danuta, cette épouse à la fois libre, soutien sans faille de son mari et mère de six enfants, qui le voyait régulièrement emmené en prison sans jamais être sûr qu’il en ressortirait. Fil conducteur du film, l’interview que Lech Walesa donna à Oriana Falacci, journaliste italienne venue le rencontrer dans son modeste appartement, permet de découvrir l’homme dans toute sa complexité et son humanité-son humour aussi « la prison est un bon endroit pour penser », ainsi que son génie politique. Un vrai bon moment cinématographique à vous faire oublier le soleil radieux à l’extérieur en cette période de l’année particulièrement privilégiée -plages vides et toutes sortes de lieux autour du Palais du Casino pour s’allonger confortablement. Bref, un remake sans faute de la Dolce vita, seuls Marcello Mastroianni et Anita Ekberg manquant à l’appel…

LM

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