12 septembre 2013
La Sérénissime, entre Mostra et Biennale

Pour qui arrive en bateau de l’aéroport, Venise a tout du parc d’attraction où l’entrée coûte 27 euros-prix aller-retour du vaporetto assurant le transfert-avec labyrinthe et rivière enchantée à volonté. Il faut sortir des axes ultra fréquentés-embouteillages de corps assurés sur le pont du Rialto le samedi- afin de croiser le vrai vénétien pour lequel vivre dans un tableau de Canaletto à l’année offre certainement une compensation de taille tout comme de pouvoir filer les cheveux au vent dans la lagune à bord d’un joli bateau en acajou. Pour le touriste, voilà en tous les cas le risque d’être atteint par ce fameux syndrome de Stendhal qui, en référence à l’écrivain amoureux de l’Italie, décrit  la vive émotion et le choc esthétique que peut provoquer la contemplation d’une ville- oeuvre d’art. Rajoutez au bonheur des yeux celui des autres sens- le goût avec des pasta, risotto et autres pizzas accompagnés d’un bon Valpolicella, l’odorat avec cette odeur très particulière et assez enivrante de la lagune et l’oreille qui se repose des bruits de circulation, le silence étant rompu uniquement par le bruits des pas ou des vaporetto. Car nulle voiture ici, même les ambulances sont des bateaux, et les pieds, le meilleur et seul allié du visiteur qui parcourt de fait en une journée des kilomètres, rythmés par des pauses aux multiples fontaines de la ville, la possibilité de s’asseoir sur les anciens puits à moins d’opter pour la terrasse d’une trattoria pour y boire le fameux Spritz à base d’orange amère ou le Bellini, vin blanc et pêche.

D’une île à l’autre

Autant le dire, la plupart des touristes en cette fin d’été ignorent totalement que Venise est le lieu de la plus grande concentration d’art contemporain au monde à moins de prêter attention aux affiches qui sont placardées un peu partout sur les murs donnant à la ville un petit air d’Avignon pendant le Festival de théâtre. La Biennale est en effet à l’écart du centre historique-la place Saint Marc- abritée depuis sa création à l’Arsenal et dans le Giardini, immense jardin où les pavillons de chaque pays s’alignent tandis qu’un bâtiment central accueille la sélection des commissaires de cette 55 ème édition. Quant à la Mostra, elle est dans l’île du Lido-une bonne demi-heure en vaporetto, bénéficiant d’un triptique resseré-le Casino, le Palazzo del Cinema et L’hôtel Excelsior, gigantesque construction de style mauresque qui héberge la plupart des festivaliers face à la mer sur cette plage rendue célèbre par Mort à Venise. A une centaine de mètres de là, l’hôtel des Bains où Visconti filma son chef d’oeuvre n’est malheureusement plus qu’un fantôme, bientôt transformé en appartements de luxe…Le temps a fait son oeuvre et sur les deux palaces, un seul a survécu…Une sorte de sélection « naturelle » qui se fait dans toutes les disciplines avec cette idée que sur les vingt films en compétition de cette 70ème édition présidée par Bernardo Bertolucci ou les dix sept longs métrages de la sélection Orrizonti, peu d’entre eux feront leur place. Quant aux artistes de la Biennale, ils sont des centaines, alors à la chance d’avoir été sélectionné, il en faut beaucoup plus pour être repéré. Voilà en tous cas nos coups de coeur  après notre escapade dans la cité des Doges…

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