27 juin 2013
De Glyndebourne à Salzbourg

Jim ne serait pas le Pariser s’il n’était cosmopolite. La palme de la mondanité revient sans doute au très coûteux festival de Salzbourg, créé en 1920 à l’initiative d’Hugo von Hoffmansthal et Max Reinhardt, et sur lequel Karajan a laissé une empreinte indélébile – c’est le légendaire chef d’orchestre qui a fait construire le Grosses Festpielhaus, inauguré en 1960. Pendant plus d’un mois, du 20 juillet au 31 août, théâtre, opéra et concerts réunissent les plus grandes stars et les meilleures phalanges du monde. Il va sans dire que les prix sont en conséquence, et que, étant en territoire germanique, il vaudra mieux maîtriser la langue de Goethe pour apprécier les soirées de théâtre parlé. A défaut d’applaudir la Norma de Cecilia Bartoli, on se consolera en songeant que la plupart des productions lyriques sont reprises par les grandes maisons d’opéra, à l’instar des Maîtres Chanteurs de Wagner qui feront prochainement leur entrée sur la scène de Bastille.
En cette année de bicentenaire, on ne pouvait passer Bayreuth sous silence. Si la Colline Verte ouvre avec Le Vaisseau Fantôme de carton-pâte qui avait défrayé la chronique à cause des tatouages nazis de Evgeny Nikitin, lesquels lui ont valu d’être congédie, il y a fort à parier que la Tétralogie de Frank Castorf, l’enfant terrible de la scène allemande qui avait secoué avec un résultat effrayant La Dame aux camélias à l’Odéon l’an passé, ne manquera pas de diviser. Sans doute faut-il lire dans cet appétit pour la polémique l’éternelle expiation de l’antisémitisme de Wagner et les compromissions de ses descendants avec le nazisme. Ce qui a l’avantage de convaincre certains à remettre en vente leur place et permettre aux plus patients d’entre les impétrants venus à l’improviste d’accéder au sanctuaire…

De l’Italie à la Suisse

Les amateurs d’opéra italien se tourneront plutôt vers Vérone. Avec leurs 8000 places, les Arènes n’éprouvent aucune difficulté à accueillir un public venu nombreux pour des Aïda, Rigoletto et Turandot fastueusement mis en scène par les Zeffirelli, Fura del Baus. Grand spectacle garanti pour cette édition presque cent pour cent Verdi, commémorations obligent. Le choix est large puisque le festival se déroule tout l’été jusqu’au 3 septembre. Dans le registre opéra en plein air, vous pourrez aussi faire un tour aux Thermes de Caracalla à Rome où l’Opéra se délocalise pendant quelques semaines, de la fin juillet à la mi-août. Ah les charmes de l’Italie et de l’Antiquité….
Peut-être préfèrerez la fraîcheur des Alpes ? En Suisse romande, Verbier constitue une étape incontournable où se retrouvent sur les pistes tous les célèbres noms de la musique – Barbara Hendricks, Natalie Dessay, les frères Capuçon. Du 19 juillet au 4 août. Quelques semaines plus tard, c’est à Lucerne qu’il faudra se rendre pour entendre le légendaire Orchestre du Festival ressuscité en 2003 par Claudio Abbado. En ce soixante-quinzième anniversaire du festival et quatre-vingtième du maestro, le programme s’annonce au moins aussi nourri que lors des précédentes éditions, même si à l’évidence les concerts du grand chef d’orchestre italien retiendront particulièrement l’attention, en particulier, le second qui associe l’Inachevée de Schubert à une autre inachevée, la Neuvième de Bruckner. Soirées d’anthologie en perspective. A moins que vous n’ayez opté pour la Riviera suisse et le Montreux Jazz Festival, autre grand rendez-vous de l’été, qui s’est depuis plusieurs années ouvert à d’autres styles – du 5 au 20 juillet.

…en passant par l’Angleterre

Sur les Iles britanniques, les plus que centenaire BBC Proms de Londres constituent un exemple aussi rare que précieux où la musique classique suscite l’enthousiasme populaire et patriotique – la ferveur et les drapeaux de l’Union Jack qui flottent sur le public lors de la Dernière Nuit en septembre ne peuvent que frapper. A coup sûr l’ambiance de ces soirées symphoniques est à mille lieux du pourtant voisin Glyndebourne où, tout au long de l’été, se retrouve, sur le gazon et en tenue de soirée, toute la bonne société londonienne. Depuis longtemps, Mozart n’a plus l’exclusivité originelle des lieux, et cette année, avec Hippolyte et Aricie, William Christie fera entrer Rameau au répertoire du festival.
Dans la péninsule ibérique enfin, les inconditionnels du soleil méditerranéen se rendront à Benicassim, au nord de Valence, qui, du 18 au 21 juillet, se remplira de milliers de jeunes et moins jeunes aficionados venus se déhancher sur les rythmes pop, rock et électro. Ici la tenue réglementaire est celle du bain, de mer comme de foule. L’on pourra évidemment préférer l’atmosphère plus feutrée du château de Peralada, à quelques kilomètres de Figueras et de Dali, où sera donné la Liebersverbot de Wagner, opéra de jeunesse jamais donné en Espagne ni en France. Alors à vos miles…

GL

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