28 avril 2013
Redford, le seigneur

Le ballet a commencé mercredi avec une couverture sublime de Télérama remontant à Nos plus belles années. Redford est à Paris; ce seigneur absolu qui a non seulement joué dans des films mythiques et engagés-Les hommes du Président, Les trois derniers jours du Condor, Jéremiah Johnson mais séduit pour l’éternité n’importe quelle femme digne de ce nom en incarnant Denys Finch Hatton. Out of Africa, 1985, la savane kenyane, John Barry à la musique et Meryl Streep dans ses bras pour l’adaptation du magnifique livre de Karen Blixen, La ferme africaine par Sydney Pollack. Etre beau rend paresseux. Redford aurait pu n’être que cet ange blond, une star qui n’a sans doute accepté qu’un seul très mauvais scénario dans sa longue carrière; celui de Proposition Indécente où jouant un milliardaire, il payait Demi Moore pour coucher avec lui…Pas très crédible même si son visage s’est creusé de rides que le botox n’arrive aujourd’hui pas à toutes combler. Mais, non, ne se satisfaisant pas de n’être qu’un comédien qui dit n’avoir jamais aimé se voir sur un écran,  il a été, dès 1985, le créateur du premier festival de film indépendant à Sundance, sur ses terres en Utah, loin d’Hollywood et de ses blockbusters. Cinq ans plus tôt, il décida lui même de passer derrière la caméra pour un film sur la culpabilité et l’amour impossible d’un fils pour une mère qui lui a toujours préféré l’aîné. Ordinary people Des gens comme les autres sur fond du Canon de Pachelbel remportera l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur…

Un spectateur engagé

Voilà, c’est cela Redford, une psychologie à fleur de peau pour que, dans la scène d’ouverture où il filme cette mère jouée par Mary Tyler Moore faisant des pancakes, tout soit dit, sans un mot de dialogue. C’est aussi Milagro sur les migrants mexicains, film engagé tout comme Lions et agneaux en 2007, brillante démonstration sur l’engagement et la collusion entre politiques et journalistes sur fond de guerre en Afghanistan ou The Conspirator, revenant sur l’assassinat de Lincoln, un très beau film en costumes qui n’eut pas en France les honneurs du grand écran. Avec Sous surveillance, qui sort le 8 mai,  Redford revient devant et derrière la camera dans une course poursuite implacable d’un homme rattrapé par son passé. « Que sont devenus nos idéaux? «  Voilà ce que celui qui fut lui-même contre la guerre du Vietnam semble poser comme question face à son ancien amour joué par Julie Christie qui, elle, n’a jamais renoncé. Alors vous, Monsieur Redford, que sont-ils devenus vos engagements pour l’écologie et contre le système? Voilà une question qui aurait mérité de lui être posée mais malheureusement, en choisissant le JT de  Laurent Delahousse, on a eu le droit  dimanche dernier à des questions anodines de groupie,  sans cesse coupé dans ses réponses et n’avoir, au final, pendant le rugby et le duplex avec la soirée qui suivait, plus que le regard las d’un vieux lion-son signe astral- qui en a vu d’autres…

Par Laetitia Monsacré

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