18 avril 2013
Glamour au Palais Garnier

Tapis rouge sur le perron de l’Opéra Garnier ce 15 avril, en plus de l’incontournable et odoriférante abondance de pivoines, camélias, roses, hortensias, lilas et jasmin dans le grand escalier : l’AROP, regroupant les mécènes du lieu, a sorti le grand jeu pour cette soirée de gala ouvrant les célébrations du Tricentenaire de l’Ecole de Danse, créée par un décret de Louis XIV, danseur averti comme l’on sait (souvenez-vous du film Le Roi Danse). Mais, peu encline sans doute aux fastes monarchiques, la Garde Républicaine a refusé de servir de haie d’honneur aux privilégiés qui avaient acquis un – cher – laissez-passer pour l’un des plus convoités rendez-vous de la saison. Le Tout-Paris était là, de Valérie Trierweiler à Alain Delon et Stéphane Bern.
Chacun s’est mis sur son trente-et-un, mais évolution des mœurs et crise obligent, le smoking n’est plus sur toutes les épaules et les dames n’ont pas voulu sacrifier leur confort aux paillettes des photographes nombreux, dont les clics ponctuaient la représentation. Dans la loge d’honneur aménagée pour les invités de marque, on pouvait apercevoir la robe vermillon d’Aurélie Filippetti, qui a pour cette fois laissé son sac au vestiaire ou dans sa voiture de fonction, aux côtés de Jean-Louis Beffa ou Xavier Darcos. Bernadette Chirac avait quant à elle préféré le premier rang du balcon, aux côtés de son amie Lily Safra, grande mécène et présidente du comité d’honneur de la soirée (un million d’euros, suite à la vente de ses bijoux chez Christie’s l’an passé).

Cocktail offert à tous

On pouvait cependant se consoler du relâchement des traditions et des conversations dans les loges, avec quelques flûtes de champagne au cocktail d’entracte – offert à tous les spectateurs, des plus généreux aux plus modestes – avec un programme typique de l’Ecole de Danse, et qui change agréablement des successions de morceaux de bravoure habituellement servis dans les galas de danse, à seule fin de mettre en valeur le diadème des étoiles. Sans se priver du plaisir de repérer les talents en herbe, on a pu admirer la cohérence et l’élégance des ensembles. Sur des extraits des Indes Galantes  de Rameau, Nicolas Paul et Béatrice Massin, qui a participé à la résurrection d’Atys, ont ainsi fait goûter au public l’innocent charme de la jeunesse magnifiquement galbée dans des justaucorps pourpres à l’ancienne. Claude Bessy-ancienne directrice emblématique de l’école de danse,  est ensuite venue saluer, en tailleur noir,  à la fin de sa Nuit de Walpurgis – à son image, vigoureuse et inflexible.
Autre institution de la maison, Pierre Lacotte a confié à Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio une création, bien-nommée Célébration, sur une musique d’Auber à l’évidence plutôt anecdotique. Péchés de jeunesse, sur du Rossini, est un autre classique des spectacles de l’Ecole de danse, chorégraphié par Jean-Guillaume Bart, étoile désormais à la retraite. Puis, un petit intermède d’accordéon avec Aunis et trois danseurs (coryphées et sujets) de Jacques Granier, avant l’inusable Défilé, réglé par Serge Lifar et exceptionnellement placé en fin de soirée, que tous les balletomanes attendent, impatients d’applaudir leurs chouchous, sans se lasser de la perspective jusqu’au foyer de la danse. Impossible de partir sans un léger pincement au cœur en voyant Agnès Letestu, Isabelle Ciaravola et Nicolas Le Riche saluer pour l’une de leurs dernières fois, preuve que le passage de témoin ne se fait jamais sans une once de mélancolie…qui n’était pas au menu bien sûr du souper servi ensuite dans les foyers et avant-foyers de Garnier – pour 250 euros par personne. Comme toujours, la décoration florale servit à quelques uns de bouquet d’occasion à la sortie – pourquoi s’en priver puisque toutes ces belles fleurs se trouvent condamnées à la fin de la soirée ? Il n’y a pas de petites économies…

 

Par Gilles Charlassier

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